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Le Journal de Miranda
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Le Journal de Miranda
1 décembre 2010

L'Enterrement de vie de jeune fille

Des rifts de guitare planaient dans l’air. C’était une musique assourdissante, comme une impulsion. Elle tapait encore et encore, elle résonnait en ondes. Cela formait comme des ricochets dans toute la pièce. On voyait même des enceintes qui pulsaient sur les côtés alors que des hauts-parleurs étaient disséminés dans toute la salle. Tout le public devait entendre. Dans mon côté, je massais doucement mes tempes avec des yeux de chinoise. J’avais étiré mes paupières alors que je luttais contre un mal de crâne qui menaçait de se muer en migraine. Autour de moi, des spots tournaient à toute allure. Il y avait des flashs de lumière -rouges, violets, bleus, jaunes- qui jonglaient. D’ailleurs, il était très difficile de fixer son regard sur les éclairages qui balayaient la scène comme des projecteurs. Et une nouvelle fois, je tentais de réprimer une furieuse envie de rire. En plus, des cris n’arrêtaient plus de résonner dans tous les coins, de plus en plus aigus. C’était l’affolement, la folie. Toutes les femmes étaient prises par la fièvre alors qu’elles gesticulaient comme des pantins. D’ordinaire, je ne voyais ça que dans les films ! Et alors que les spots accéléraient encore la cadence, je m’enfonçais dans mon siège avec embarras.

Jamais je ne m’étais attendue à passer ma nuit là. D’ailleurs, je ne digérais toujours pas cette soirée qui me tournait la tête. Tout s’était enchaîné tellement vite ! Et je n’avais pas vu le temps passer alors que j’étais prise par la fête. On bougeait sans cesse, on trinquait au champagne. Et finalement, on avait atterri dans cet endroit à la fois sordide et comique... qui m’en mettait plein les mirettes ! Il fallait dire que je n’assisterais probablement jamais à un autre spectacle de ce genre ! Et ma bouche s’ouvrait, ronde comme mes yeux, alors que je suivais les danseurs. Près de moi, mes copines n’étaient d’ailleurs pas en reste. Elles étaient même déchaînées, presque hystériques, alors qu’elles lançaient leurs bras en l’air au son de la musique-électro. Elles avaient vraiment l’air dans leur élément. Mais de mon côté, si j’adorais faire la fête, je ne me sentais pas spécialement à ma place. Et j’avais du mal à m’acclimater à la furie générale qui me trouait les tympans et me donnait envie de rire. C’était tellement drôle ! Je regardais alors un paquet de filles qui frétillaient devant une grande scène noire et lustrée.

Avec mes copines mannequins, je devais m’attendre à tout. Et leur imagination ne s’était pas démentie alors que je disparaissais à moitié dans mon fauteuil. En fait, je m’étais encastrée dans un angle de la banquette, d’un beau velours rouge et molletonné. Tout le décor rappelait un cabaret, même si la modernité crevait les oreilles et les yeux avec les enceintes et les barres de pole-dance. En effet, de grandes poutres en métal occupaient des angles de la scène, qui se terminait par un escalier et descendait dans la foule. D’ailleurs, un petit groupe d’admiratrices s’était agglutiné devant les marches, pour accueillir les danseurs. Et malheureusement, plusieurs de mes amies faisaient parties de la foule ! Il régnait vraiment une ambiance de folie. Tout le monde se lâchait dans ce club qui jouxtait l’un des plus grands casinos de Reno. Et à côté de moi, mes amis faisaient un bruit de tous les diables alors qu’elles applaudissaient, battaient la mesure ou haranguaient les hommes musculeux qui se trémoussaient devant elles. Je mordis mes lèvres. Pour ma part, je priais surtout pour ne pas être vue !

Mais avec un tel tapage, rien n’était gagné. Je courbais alors les épaules, disparaissant sous la belle veste noire qui cachait mon t-shirt rose. Ma tenue détonait un peu parmi les petites robes à paillettes et les mini-jupes affriolantes. Toutes les filles étaient vêtues très sexy -même les cinquantenaires qui se tortillaient gaiement. D’ailleurs, je les trouvais toutes très amusantes -et un peu vulgaires- avec leurs bouches en cœur et leur cri de poissonnières. On aurait vraiment dit qu’elles tâtaient la marchandise comme des sultans devant un étale d’esclaves. Sur la banquette, juste à côté de moi, Rosie me dédia alors un clin d’oeil complice. Elle me cria même quelque chose -mais je ne compris rien à cause de la musique. On ne s’entendait pas penser dans cette liesse bouillante. Et je regardais seulement mon amie, folle et comique. Ses genoux étaient enfoncés dans le cuir de la banquette alors qu’elle faisait des moulinets avec ses bras. Elle tenait aussi des billets de banque entre ses doigts, pour appâter les danseurs. Et ce n’était pas de la petite monnaie ! Elle dépensait seulement des billets de cent dollars !

Un peu sonnée, je plaquais mes mains devant mon visage. Mes joues étaient dissimulées derrière mes paumes pendant que je jetais un coup d’œil à la scène. Je n’avais toujours pas touché une goutte de mon cocktail. Ce n’était pourtant pas l’envie qui m’en manquait -au contraire, j’avais bien besoin d’un petit remontant ! Mais j’avais déjà bu une coupe de champagne dans la limousine qui nous avait conduites jusqu’au club. Et je ne pouvais pas m’exposer davantage à l’alcool à cause de mon diabète, qui empoisonnait toutes mes fêtes ! En plus, je voulais aussi rester sobre pour rentrer chez moi -et garder un œil sur mes copines, franchement intenables ! Et à présent, j’espérais seulement que le sol allait s’ouvrir sous mes pieds et m’engloutir. Déjà que j’étais un peu gênée par les défilés de lingerie où les autres filles piaillaient à tue-tête et envoyaient des baisers en l’air. Ce n’était rien par rapport à leur folie dans un club de strip-tease ! Et brutalement, je partis dans un fou-rire monumental alors qu’un danseur, à demi-nu, donnait des petits coups de reins sur l’estrade. Ce n’était pas sexy du tout ! C’était juste ridicule ! Agitée de soubresauts, je rentrais alors ma tête dans mes épaules, comme une autruche.

Mon rire me secoua longtemps, traversant mes os et ma moelle. Même mes longs cheveux dansaient derrière moi, ondulant sur mes épaules. J’avais collé une main en visière au-dessus de mes yeux pour me couper du spectacle. Mais malgré tout, j’apercevais encore des fragments de scène entre mes doigts. Je voyais notamment Rosie qui claquait des doigts pour appeler un danseur. Et Marisa qui mettait un billet entre ses dents pour le donner à un homme tout nu.

-Par ici, mon mignon !

Sa voix s’éleva au-dessus de la foule alors qu’elle avait pris un ton impérieux, sans appel. Et aussitôt, l’homme aux fesses à l’air de se rapprocha d’elle avec des pas de danse grotesques qui lui trièrent des cris de ravissement. Elle était transportée. A présent, son gigolo se trémoussait devant elle, à son rythme. Et jalouses, toutes mes autres copines agitèrent leur dollar en l’air. Elles aussi, elles étaient là ! Elles aussi, elles en voulaient pour leur argent ! D’ailleurs, les strip-teaseurs ne s’y trompaient guère alors qu’ils s’amassaient dans notre périmètre. Ils avaient bien remarqué la nuée de filles sublimes qui étaient venues pour les acclamer et qui jetaient leur argent par les fenêtres. Avec leurs jambes interminables de top-model, leurs chevelures de sirène, leurs robes à peine décentes, elles surchauffaient la salle. Et les danseurs ne semblaient guère insensibles aux charmes de toutes ces beautés -seulement des mannequins Victoria’s Secret ! Car c’était mes collègues qui m’avaient traînée jusqu’à ce club enfiévré.

J’étais la seule de la salle à ne pas jouer au groupie, écrasée contre la banquette. Et, cachée entre mes mains, je ne remarquais pas de tout de suite l’homme qui s’approchait de moi. Il était seulement vêtu d’un pantalon noir alors que son torse énorme et huilé accrochait le feu des spots. Ses cheveux, domptés par un savant brushing, retombait en vaguelettes sur ses tempes. Et en quelques pas, il se retrouva face à mon siège, pour m’interpeller de sa voix rauque. Cette fois-ci, je sursautais. Et je quittais ma cachette pour lui lancer un regard incrédule alors qu’il braquait un index sur moi.

-De quoi avez-vous peur, mademoiselle ? De vous amuser ? Ce n’est absolument par normal ! Et vous me voyez contraint d’appeler les forces armées !

Alors, avant même que je n’aie eu le temps de réagir, deux acolytes surgirent, vêtus de costumes de policier. Ils faisaient les mêmes gestes, à la même seconde. Ils roulaient des fesses dans leur pantalons noires alors qu’ils arrivaient à reculons, en glissant sur le sol. C’était tellement bête ! Et pour le coup, je repartis dans un fou-rire mémorable, alors même que j’allais enfin me calmer. Mais les deux strip-teaseurs n’en prirent guère ombrage, seulement ravis par ma belle humeur. Et en même temps, ils arrachèrent de concert leurs chemise, révélant des pectoraux en acier de body-buildeurs ! Des larmes coulèrent de mes yeux alors que je tapais dans mes mains. J’étouffais à moitié de rire devant ces créatures qui ne portaient plus qu’une insigne, accrochée à une longue chaîne, autour du cou. Et, à cause de l’embarras, je perdis encore une quinzaine de centimètres dans ma chaise. Si cela continuait, j’allais me retrouver par terre -et je pourrais peut-être m’enfuir sous les tables, comme une voleuse. Mais déjà, les « policiers » m’entouraient d’une danse suave -ce qui ravissait littéralement mes amies. En effet, un « ah !!! » général explosa à la seconde où leurs pantalons volaient en l’air, arrachés en rythme. Je constatais alors que leurs cuisses étaient aussi énormes que leurs bras. Comme leurs fesses, qui se dandinaient sous mes yeux !

Comment ? Mais comment m’étais-je retrouvée devant une nuée de strip-teaseurs musclés à Reno ? Comment en étais-je arrivée là ? En fait, tout avait commencé quelques heures plus tôt, alors que je me trouvais encore dans mon appartement new-yorkais. Je m’occupais alors de mes filles, après la sortie de l’école. Malgré l’absence d’Hannibal, nous avions repris le petit train-train ordinaire. Et cela me plaisait ! Pour la première fois depuis longtemps, je n’avais pas de contrats avant quelques jours. Et je pouvais profiter pleinement de mes princesses, délaissées depuis deux semaines. Mais alors que nous goûtions dans le salon, à l’heure du soap-opera de mémé, le téléphone avait sonné. J’avais tout de suite bondi, rêvant à mon frère. Mais il s’agissait en fait d’un coup de fil de... Victoria’s Secret. Sur le coup, j’étais restée sans voix. Je ne m’attendais vraiment plus à un contact avec mes anciens employeurs. J’étais désormais persona non grata dans la marque de lingerie, puisque j’avais décliné les avances du patron. Aussi, la curiosité m’avait poussée à décrocher. Et je n’avais pas été déçue du voyage !

Dans mon écoutille, une voix sucrée avait résonné. J’avais tout de suite reconnu Melinda, la directrice artistique de la maison -une peau-de-vache blonde et rondouillarde qui me détestait. Je n’étais pas assez docile à son goût. Pourtant, elle s’était immédiatement emballée, toute mielleuse. Elle était ravie de m’entendre ! Elle craignait que je ne sois pas là, débordée par mes obligations pour David Jones ou V&I. D’ailleurs, elle s’était empressée de me féliciter pour la sortie de mon livre, qui caracolait en tête des ventes. Cela ne m’avait pas beaucoup plu. Je ne savais pas gérer l’hypocrisie. Mais j’avais patiemment écouté son petit laïus, impatiente d’entendre la suite. En effet, j’étais au courant des difficultés de la maison. J’avais eu des échos du dernier défilé grâce à la presse : leur dernier show avait été un échec cuisant. Aucun journal n’avait relié cette grande messe annuelle. .. à cause de moi ! En effet, en mon absence, les journalistes ne s’étaient pas intéressés à l’évènement. D’ordinaire, seule ma présence attirait les photographes dans les coulisses. Et chaque année, un bon milliers de mes clichés paraissaient dans la presse. J’assurais une couverture médiatique énorme.

Malheureusement, Victoria’s Secret n’avait trouvé aucune fille pour me remplacer. Aucun autre modèle n’était aussi célèbre. D’ailleurs, la presse avait également vilipendé la vulgarité des mannequins et des costumes sur le podium. Il y avait eu beaucoup trop de latex, de similicuir et de soutien-gorge transparents. Aussi, j’avais déjà ma petite idée quant aux raisons de cet appel. On s’était soudain rendu compte que je n’étais pas aussi inutile que ça ! J’apportais un éclairage non négligeable à la marque. Face aux journalistes, il ne servait à rien de coucher avec le patron ! La presse se fichait pas mal des petites coteries. Seul comptait la notoriété et la côte d’amour du public. Aussi, j’avais écouté d’une oreille distraite les compliments de Melinda. Par chance, la blonde était très vite entrée dans le vif du sujet.

-Ce n’était qu’une petite brouille de rien du tout ! Et tu sais comment il est, ce cher Don ! C’est un homme sanguin, et parfois un peu ridicule ! Je te comprends complètement ! Il a largement dépassé les bornes et tu as bien fait de le remettre à sa place. Mais ce n’est pas pour ça qu’il faut claquer la porte et mettre un terme à une si belle collaboration. Tu es notre mannequin-star !

J’avais éclaté de rire avant de lui rafraîchir la mémoire. Je n’étais certainement pas la vedette de la marque, au contraire de Candice et Alessandra. Mais Melinda n’en avait pas démordu, revenant à la charge avec vigueur. Il fallait que je rentre à la maison, je ne pouvais pas abandonner la marque qui m’avait fait connaître au grand public à cause de la bêtise d’un patron capricieux. Ce dernier avait lui-même oublié cette broutille et je devais passer outre ce mauvais souvenir. On me promettait que cette situation ne se reproduirait plus jamais. A l’autre bout du fil, ma patronne endossait le rôle de l’amie complice et bienveillante qui compatissait à mes malheurs. Et je n’aimais guère cette affection de pacotille. D’ailleurs, j’étais restée sur ma réserve durant tout l’entretien. Et ce n’était qu’à la fin de la conversation que j’avais accepté de revenir... mais à mes conditions ! Je n’allais plus me laisser marcher sur les pieds !

-Je ne veux plus jamais revoir Don, ni ses copains, dans les parages. Je ne veux plus sortir dans les boutiques, tourner dans les publicités et poser dans le catalogue avec Candice, Alessandra et Doutzen. J’assurerais seulement la promotion avec des amies. C’est ça ou rien.

-Tout ce que tu voudras !

Melinda avait accepté avec un enthousiasme délirant. Et j’avais compris pourquoi quelques minutes plus tard. En effet, elle m’avait demandée de me rendre en urgence dans une boutique de la marque pour assurer la promotion du nouveau soutien-gorge de la maison. La marque était dans une terrible panade en mon absence. D’ailleurs, ma présence avait déjà été annoncée aux journalistes. Et je n’avais eu d’autre choix que d’assumer cette mission -qui avait un petit goût de triomphe. J’avais donc passé ma fin d’après-midi dans un magasin de sous-vêtements, en compagnie de la petite Behati, qui m’escortait face à la presse. Cela s’était très bien passé. Et c’était à la fin de la journée que nous avions croisé une limousine blanche, garée juste en face du magasin. Il s’agissait en fait de Marisa qui nous attendait. En effet, la belle blonde nous avait toutes les deux inviter de longue date à son enterrement de vie de jeune fille. Elle se mariait dans une semaine et voulait faire ses adieux à sa vie de célibataire. Cela m’était complètement sortie de la tête ! Et sans trop savoir comment, je m’étais alors laissée embarquer dans cette aventure !

En moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, je m’étais retrouvée sur la banquette en léopard de sa limousine, au milieu d’une brochette de mannequins. Il y avait notamment Rosie, Erin, Lindsay, Coco... seulement des filles que j’aimais bien ! Et le champagne avait coulé à flots dès notre arrivée alors que la gigantesque voiture fonçait vers Reno et ses casinos. C’était là-bas que Marisa avait organisé sa petite sauterie. Elle trouvait que l’ambiance se mariait parfaitement avec celle de ses épousailles, qui devaient se dérouler à Las Vegas, puis sur une plage de Malibu ! Cela m’avait semblé complètement fou ! Mais je m’étais laissée entraîner. Et les bacchanales ne s’étaient jamais interrompues depuis notre départ new-yorkais. Nous avions d’abord bu à la santé de la future mariée dans sa voiture, puis dans un casino. Et nous avions fini par atterrir dans un club de strip-tease, qui était le clou du spectacle. D’ailleurs, la plupart des filles étaient arrivées sérieusement éméchées -en particulier Marisa !

Par chance, la jeune femme avait repris ses esprits face aux danseurs, dont elle profitait allégrement. Et le spectacle s’était même ouvert sur une dédicace. Deux serveurs avaient apporté à notre table un énorme gâteau blanc, une pièce montée crémeuse dont avait jailli un danseur, seulement vêtu d’un slip noir et d’un nœud papillon. Cela ne s’inventait pas ! Et à présent, je ne me remettais toujours pas de mes émotions, morte de rire, alors qu’un danseur tournoyait devant moi autour d’une barre en métal. Un autre était appuyé sur les accoudoirs d’un siège et se trémoussait comme un furieux. Ce n’était pas très excitant ! Mais mes copines lançaient des billets de banque en l’air, comme une pluie de dollars qui atterrissait sur les danseurs. Rosie glissa même une énorme somme dans le minuscule élastique qui servait de cache-misère à un strip-teaseur. Elle avait l’air très à l’aise. Et son geste m’arracha un nouveau fou-rire, mi-sincère, mi-nerveux. A présent, j’avais juste hâte de rentrer chez moi !

Mais personne ne l’entendait de cette oreille. Ma petite meute de copines comptait rester jusqu’à l’aube alors qu’elles commandaient magnum sur magnum. Et parce que j’étais la seule à rester en recul, Rosie m’attrapa soudain par la main. Et elle m’entraîna à sa suite sur le podium, parmi une armée d’hommes à demi-nus. Je ne résistais pas, trop éberluée. Et sans savoir comment, je me retrouvais sur scène, à danser avec elle. En effet, mon ancienne amie avait attrapé mes mains... et elle me faisait tournoyer devant elle. Nos corps, nos cheveux s’entremêlèrent alors que je la suppliais d’arrêter. J’avais mal au cœur ! Mais ma voix se perdait dans nos éclats de rire. C’était une scène tellement surréaliste ! La tête me tourna très vite alors que Rosie m’entortillait dans ses bras, me plaquait contre elle, me secouait comme une poupée. J’avais maintenant tous mes cheveux dans la figure. Et bientôt, les danseurs se rassemblèrent autour de nous pour nous acclamer. Nous assurions le show avec eux. Et nous remportions un succès fou parmi nos nouveaux copains, qui se plaquaient à nous pour danser et chauffer la salle !

-Je veux rentrer ! hurlais-je dans un grand rire.

-Pas question ! rétorqua Rosie alors qu’elle me faisait tourner sur moi-même comme à colin-maillard.

Je n’y voyais plus rien. Je sentais simplement les mains de ma copine qui m'entortillaient, les corps chauds des strip-teaseurs qui se collaient à moi. Et bientôt, à travers mes mèches, je devinais aussi une autre présence. Marisa, la reine de la soirée, nous avait rejointe sur le podium. Elle voulait aussi sa part de lumière, goûter à la liesse générale. Et en arrière, on entendit les bouches de champagne qui sautaient, la mousse qui coulait alors qu’on trinquait à notre succès. A présent, j’étais prise en sandwich entre mes deux copines -qui s’étaient lancées dans un chachacha idiot avec un danseur nu. Et, écrasée entre leurs corps, je sautillais à leur rythme. Mais je riais tellement que j’étouffais, happant l’air par ma bouche. Enthousiasmé, un homme me lança alors son t-shirt mouillé. Et parce que je ne savais pas quoi en faire, je le fis tourner au-dessus de ma tête comme un lasso. Je recueillis aussitôt tous les suffrages. A son tour, Rosie était morte de rire. Et les cris des autres femmes, la musique-électro résonnaient autour de nous. C’était délirant !

Je m’accrochais alors aux épaules de Rosie pour ne pas tomber. Mes talons se plantaient dans le sol, hésitant, alors que je titubais. Comment en étais-je arrivée là ? Honnêtement, je ne le savais plus moi-même. Mais il ne restait plus qu’à prier pour qu’aucun journaliste ne se trouve dans la salle !

Miranda.

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